les aventures guyanaises

Ce soir là, samedi 20 décembre 2008, Ariane 5 était attendue. Le tir avait à peu près un mois et demi de retard suite à de mauvaises manipulations et les  récents barrages. Et bien elle s'est fait encore attendre...




Il faut savoir qu'à sept minutes du tir, le lanceur est totalement autonome. Un système vérifie automatiquement tous les paramètres. Le chrono s'est arrêté à 10 secondes du tir et tout a stoppé. Sur l'image vous voyez que le chrono est rouge calé à 7 minutes (écran géant retransmettant toute la mission). Au bout de 20 minutes le chrono est passé au vert et Ariane 5 a quitté le sol Guyanais.










Au moment du décollage mon appareil a merdé (un paramètre qui n'était pas au vert) et donc j'ai pris  en photo ceux qui prennaient la fusée... de toute façon s'est toujours pareil la nuit avec les nuages.... 

Les routes enfin dégagées, j'ai assouvi mon désir de me rendre à Trou Poissons. Depuis le temps que je n'y fais que passer à 90 Km/h sans jamais m'y être arrêté. D'ailleurs, je faisais comme tout le monde: je ne m'y arrêtais pas!!



Trou Poissons est situé à environ 4 Kms du Pripri Yiyi. Ce lieu dit dépend de la mairie d'Iracoubo. Autrefois Trou Poissons était une petite ville florissante, les bêtes paturaient librement avant l'arrivée de la route, Trou Poissons avait son école également, toujours visible aujourd'hui...



Trou Poissons bénéficiait à l'époque de services postaux



Mais la dernière levée date de... trés longtemps!!
Trou Poissons a toujours son église, le curé vient le premier dimanche de chaque mois.





Trou Poissons a son pont (trés peu visible) qui s'appelle Pont Trou Poisson... mais là, il n'y a pas de "s" à Trou Poissons...



Trou Poissons a un trou où il y a des poissons.



Trou Poissons est entouré de poissons (propos recueillis auprès de l'ancien instituteur de Trou Poissons encore présent sur place et qui regrette l'ancienne vie de Trou Poissons), d'où son nom: Trou Poissons avec un "s" car il y a plusieurs poissons.

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Trou Poissons est paisible...il n'y a plus personne ; la route qui a coupé Trou Poissons en deux a, avec le temps, tué la vie à Trou Poissons. Une pensée à Mr. l'ancien instituteur de Trou Poissons qui a gentiment répondu à mes questions.

Onzième jour du conflit, ce soir les barrages sont toujours en place. Un élan d'espoir naissait hier soir avec un communiqué du secrétaire d'Etat qui acceptait les propositions faites par le Conseil Régional et le Conseil Général. L'Etat s'engageait à verser 5 millions d'euros au conseil général qui après le verserait à la SARA. L'enveloppe de 10 millions (antérieurement prévue à hauteur de 16 millions pour l'ensemble des DOM) serait donc divisée en deux avec un versement immédiat (car la confiance règne). Ces dix millions compenserait une baisse à hauteur de 50 centimes sur six mois le temps que la mission interministérielle se prononce (en février prochain) sur le prix des carburants dans les DOM. Si les 10 millions sur les 16 prévus pour l'ensemble des DOM sont versés uniquement à la Guyane, que vont dire les autres. Déjà la Guadeloupe et la Martinique pensent faire des actions. Il sera plus difficile de tout bloquer là-bas vu le nombre de routes.



Ce soir la SARA accepterait l'idée mais attend de réunir son conseil d'administration... d'un autre côté se greffe maintenant un organisme syndical (l'Union des Travailleurs Guyanais - UTG, fortement représentée et peu indépendantiste) qui réclame la paiement des jours de grève (est-ce vraiment une grève plutôt qu'un barrage généralisé qui empêche la libre circulation??), on peut également entendre de la part des uns et des autres la revendication contre la "vie chère" et la remise en question de l'octroi de mer... Si cet élan populaire avait une réelle et juste revendication innitialement, il divise aujourd'hui et s'éparpille. Le pire, et je le souligne encore, c'est la question de la division des populations et de l'opposition "noirs/blancs"... Mais tous les "blancs" de Guyane ne travaillent pas forcément au CSG ou ne sont pas fonctionnaires...








Pendant ce temps là à Kourou, à l'opposé des barrages, le CSG poursuit ses rotations d'hélicoptères pour amener quelques ingénieurs ou techniciens sur le site. La campagne de tir est toujours arrêtée, mais la maintenance de la fusée et des statellites doit se faire.
Un collectif essentiellement composé des commerçants fait signer des pétitions pour la levée des barrages.... mais quelle marche de manoeuvre a-t-il?  

Au moment de la rédaction de ces lignes à 18H30, on ne sait toujours pas si on va s'en sortir. Ce qui est sûr, c'est que c'est vraiment pas simple en Guyane et que la situation est trés compliquée. Mais la faute à qui? 

Dimanche 30 novembre, septième jour du conflit. Le Secrétaire d'Etat Jégot a proposé une baisse de trente centimes sur les carburants. Le Conseil Régional a refusé de mettre la main à la poche à hauteur de 10 centimes. Tout reste figé et le conflit qui va duré risque de chauffer. Toutes les écoles sont fermées ainsi que certaines administrations. La chambre de commerce et de l'industrie de Guyane a décidé de fermer le port et l'aéroport. Le CSG a annoncé jeudi soir que le tir d'Ariane 5 est arrêté. Ce mouvement soutenu par la population laissera sans doute des traces sur le plan économique. De petites PME risquent de ne pas redémarer, et le CSG prend du retard dans ses campagnes de tirs.

Le port de degrade des cannes. 

Sur les barrages routiers, l'ambiance est encore bonne. Des concerts sont improvisés, barbecue, dominos et alcool...

Les événements dramatiques relayés par les médias sont en marge du conflit. On note des voitures brûlées, des braquages notamment à Kourou. Les rayons sont vides et certains bateaux amenant les victuailles festives vont être refoulés. Certains hôpitaux vivent sur leurs réserves et certaines coupures d'électricité pourraient être faites.

Une délégation interministérielle doit arriver le 8 décembre afin de regarder de plus prés l'opacité de la fixation des prix des carburants. Entre la Sara, le pétrolier qui a le monopole sur la Guyane, la taxe du conseil régional.

Demain lundi 1er décembre, le prix du 95 sera à 1,47euros, mais pour l'instant les pompes sont vides. Les barrages sont maintenus jusqu'à nouvel ordre.

On parle souvent, en ce qui concerne la vie dans les DOM, de la "vie chère"(exemple bien français: un saucisson médiocre vaut 10euros). La Guyane importe tout!!! Quand les dockers font la grève, les présentoirs dans les magasins sont vides. Il y a les taxes et les coûts comme l'octroi de mer ou le transport maritime... je peux parler de mon salaire qui comprend 40% supplémentaire pour cette "vie chère" mais c'est loin d'être le cas de tous les Guyanais!!!!

L'objet de la discorde qui touche tous ceux qui possède un véhicule est le prix des carburants. Alors que le baril est à environ 50 dollars et que les prix baissent partout dans le monde, les pompes Guyanaises affichent: 1,77 euros le litre de 95

Tout le monde réclame une baisse de cinquante centimes minimum. Si le mouvement se renforce, les magasins ne seront plus approvisionnés. 

Aujourd'hui, 25 novembre 2008, c'est la journée du maire. Je ne travaille pas alors que les établissements scolaires sont ouverts?? En fait on ne sait pas bien qui travaille!! Hormi les grévistes qui du coup ne travaillent pas non plus.

Comme il faisait beau et que je préserve l'essence que j'ai, j'ai fait du vélo. Pour sortir de Kourou, j'ai pu franchir le barrage mais pour retourner sur la ville par le deuxième axe, je ne pouvais pas rentrer??!!

Un peu absurde quand même.